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Périple au pays des indiennes
cochenille, garance et vitriol
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Connaissez-vous les indiennes?
Non, pas celles qui habitent lAsie ou le Nouveau Monde,
mais les toiles imprimées.
De 1713 à 1874, le Pays de Neuchâtel en a fait une industrie florissante, parallèlement à lhorlogerie et à la dentelle. Une douzaine de villages ont connu une manufacture ou un atelier: Chézard-Saint-Martin, Cortaillod, Colombier, Areuse, Boudry, Couvet, Saint-Blaise, Marin, Cressier, Les Brenets, Le Locle, Valangin.
Périple au pays des indiennes, cochenille, garance et vitriol
évoque tous les aspects techniques, économiques, politiques, sociaux, historiques et géographiques de cette activité qui a intéressé les pays voisins et même plusieurs autres continents.
Les Neuchâtelois ont contribué au rayonnement de limpression sur étoffes et de nombreux ouvriers sont partis à travers lEurope pour y exercer leur métier de graveur, de dessinateur ou dimprimeur.
La belle Indienne!
1986 - Bernard Müller découvre «Larbre de Vie» des Bovet au Château de Valangin. Touché au cur, il sémerveille devant la belle indienne. Il faut dire quil sy connaît: avec Marlyse Schmid, sa compagne, na-t-il pas développé, en 1981, le concept visuel dun produit horloger, la «Swatch», donnant à cette montre, outre sa performance technique dont le mérite revient à dautres, un souffle audacieux et prometteur. Cette montre devait connaître un succès sans précédent.
Emporté par son enthousiasme, Bernard Müller a tenu à réaliser «Périple au pays des indiennes» avec Marlyse, conceptrice de la maquette, et son ami Maurice Evard, historien et ancien conservateur du Musée de Valangin.
Avec précision et compétence, Maurice Evard retrace lhistoire de lindiennage au cours des XVIIIe et XIXe siècles, avant quil ne soit frappé par lintrusion de la chimie qui a simplifié les processus de fabrication et quil ait contourné les secrets de lart de lindiennage, sans oublier lautomatisation des machines avec rouleaux imprimeurs pour augmenter la productivité.
Par ailleurs, la concurrence étrangère, grâce à une main-duvre à bon marché, a freiné le développement de notre industrie de lindiennage avant de leffacer irrémédiablement.
A la lecture de ce livre, vous découvrirez les professions qui assurent la chaîne du travail quil faut accomplir pour obtenir une belle indienne: dessinateurs - graveurs - imprimeurs - tireurs - rentreuses - pinceleuses.
Page après page, on comprend ainsi en quoi consistait la façon minutieuse et ingénieuse de préparer la toile de coton. Le processus de fixation et de préparation des couleurs (drogues), de même que limportance des mordants utilisés témoignent du génie des créateurs et des artisans.
On apprend par exemple que lon diluait, dans leau du bain où trempait le tissu, de la bouse de vaches nourries exclusivement au foin ou au regain, afin dobtenir un mordant assurant aux étoffes une meilleure imprégnation des couleurs, avant dêtre séchées à lair, étendues et arrosées sur les prés durant quelques jours.
Cette industrie consommait beaucoup deau et de bois de chauffage. Elle exigeait aussi de grands capitaux. Par comparaison, la Fabrique Neuve de Cortaillod avait réclamé un investissement correspondant à quelque trente millions de francs actuels. Elle employait 637 collaborateurs en 1819. Cela démontre limportance des usines du temps passé.
Vous découvrirez la complexité des règles à respecter, des méthodes à appliquer et des secrets à maîtriser pour obtenir l«uvre» finale. Cet ouvrage vous présente également des reproductions choisies, illustrant la beauté des indiennes destinées à la mode vestimentaire, à lameublement et à la décoration dintérieur.
Différents sites de production en Suisse, surtout à Neuchâtel, à Genève et à Bienne, de même quà létranger, sont présentés, et permettent ainsi dadmirer de belles demeures, témoins dune industrie qui fut brillante et fructueuse pour notre pays. A sa disparition, nombre de techniciens et créateurs qui avaient fait sa gloire, surent se reconvertir et servirent de base à une nouvelle industrie: lhorlogerie.
Grâce à ce livre, vous pourrez vous plonger dans la vie dantan, celle des artisans et industriels de notre pays, et en tirer des enseignements pour mieux apprécier le génie et lendurance de ces innovateurs.
On apprend ainsi que des enfants de dix à douze ans travaillaient comme tireurs ou tireuses, aidant lhomme qui maniait avec adresse les planches sculptées, en bois de tilleul ou de poirier, à appliquer dessins et couleurs successives sur létoffe. Une opération exigeant maîtrise et minutie, en frappant sur la planche avec un maillet pour bien répartir la couleur. Fort heureusement la protection de lenfance a fait de grands progrès et le travail des gosses a été éliminé dans la plupart des pays européens.
On apprend aussi combien il était difficile de transporter des pièces de plusieurs mètres de longueur à travers notre pays, lEurope et même jusquen Amérique. Le commerçant se rendait aux foires allemandes et dailleurs pour vendre ses produits, prendre des commandes ou observer les tendances du marché. Il parcourait des centaines de kilomètres, par tous les temps, à cheval, en char ou en cabriolet, en diligence ou à pied, quittant sa famille pour plusieurs semaines voire plusieurs mois.
Certaines manufactures souffraient de la pénurie de travailleurs et devaient avoir recours à la main duvre étrangère quelles allaient chercher de lautre côté du lac de Neuchâtel. Elles donnaient même du travail à des pinceleuses pour finir et retoucher au pinceau les dessins des étoffes. Témoin de cette situation Jean-Jacques Rousseau écrivait en 1764:
«Bientôt, si nous voulons vivre, il nous faudra manger des montres et des toiles peintes, car lagriculture est absolument abandonnée pour ces arts plus lucratifs».
Lhistoire de la belle indienne démontre que lon peut passer dune industrie à une autre si le besoin sen fait sentir et si des hommes ont le courage de faire uvre de pionniers pour mieux servir. Tout peut alors repartir. Le canton de Neuchâtel, à la croisée des grands axes de passage, est un exemple éloquent de la volonté dentreprendre et dinnover sans relâche pour relancer léconomie.
A Cortaillod, par exemple, il y a deux siècles, on traitait du fil de coton pour létoffe dindiennes. Il y a peu, le fil de coton a été remplacé par la fibre de verre, fil téléphonique magique, de lépaisseur dun cheveu. A deux siècles dintervalle, le fil est toujours roi!
Une ardente constance doit nous guider: être confiant en soi, avoir le courage et la volonté dinnover pour bâtir une société humaine, à la recherche du bonheur, de la paix sociale au service du pays. Tel est le message de «Périple au pays des indiennes», récit dune belle aventure où lart se retrouve à toutes les pages et qui invite le lecteur à mieux connaître son passé pour guider ses espérances.
Par lélégance de ses traits, de ses couleurs flamboyantes, une belle indienne fait rêver. La recherche du beau et de lharmonie quelle incarne touche les sens et le cur de lhomme.
Pierre Arnold
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22.11.1921 à Ballaigues, prot., de Schlierbach, bourgeois d'honneur de Ballaigues (1984). Fils de Robert et d'Andrée Boisard, épiciers. 1949 Elsbeth Ledermann, fille de Fritz, dentiste. Ecole de viticulture de Carcassonne (F), diplôme d'ingénieur agronome de l'EPF à Zurich (1945). A. occupa des fonctions dirigeantes dans diverses organisations agricoles et viticoles (entre autres, il fut à la tête de la Fédération des sociétés d'agriculture de la Suisse romande). En 1958, il devint directeur de la Fédération des coopératives Migros, puis membre (1959), vice-président (1966) et président (1976-1984) de la délégation de l'administration, enfin président de l'administration (1984-1991). Il fut l'un des instigateurs de la Fondation Pré Vert du Signal de Bougy (comm. Aubonne), créée en 1970, qui permit de laisser le parc accessible au public. Il présida la Fondation Gottlieb et Adele Duttweiler (1991) et l'Union internationale pour le commerce de détail à Bruxelles (1985-1991). Plusieurs mandats dans des conseils d'administration (CFF, Swissair, SMH). Doctorat honoris causa (Lausanne, 1985) et Légion d'honneur (1991)
épuisé