Le pays de Neuchâtel et son patrimoine Horloger

ISBN 13 : 978-2-940239-16-0
Préface de : Jacques Hainard
Nombre de pages : 392
Dimensions : 245 x 305
Image de : Nicole Bosshart (MIH) et Bernard Muller
Mise en page de : Marlyse Schmid
Présentation de : Laurent Tissot et Jacques Bujard

CHF 175.00

Description de l’ouvrage

Impression: tout le livre est imprimé en couleurs sur un papier couché blanc demi-mat, 150 gm2
Reliure: couture au fil sous couverture toilée sous jaquette en couleurs

La perception et la représentation du temps présentent dans notre pays des caractéristiques archétypales uniques au monde : on y postule la quête de stabilité, la recherche des équilibres, on y croit à la linéarité, à la régularité, à la prévoyance, comme à la neutralité. Tout le corps social a intériorisé ce soucis du temps, d’où la précision et l’organisation qui en découlent, l’excellence des performances économiques et industrielles, la tradition horlogère qui singularise notre nation, ethnologiquement parlant, au sein des nations européennes.
L’industrie mécanique, la banque, l’assurance ont prospéré sur cette vision du temps, aujourd’hui mise à mal par le changement de rythme de l’ordre du monde, par l’accélération de l’histoire. La tradition horlogère suisse, qui a consacré tant de temps à capter le temps chronométrique, qui a inventé les montres à complication, fait face, aujourd’hui, à l’imprévisible.

Elle doit s’adapter, vite!

S’il existe ainsi à coup sûr un « temps helvétique », la majorité de nos contemporains n’en sont pas conscients. Pas plus qu’ils ne connaissent, pour la plupart, l’extraordinaire richesse de l’aventure horlogère qui a focalisé, à plusieurs reprises et sous différents aspects, l’attention du monde. Retracer cette histoire en la confortant aux contingences présentes est donc un projet utile, nécessaire et enthousiasmant.
L’industrie des montres portatives a pris corps au XVIe siècle loin de nos contrées. À cette époque, les artisans de la montagne étaient agriculteurs pendant l’été et consacraient l’hiver aux travaux du fer, du bois ou de la dentelle. Aux XVIe et XVIIe siècles se produisit un phénomène essentiel dans le mouvement d’industrialisation : le « Refuge » des protestants de France et d’Italie qui affluèrent par vagues successives à Genève et en Suisse. Il y avait parmi eux des financiers avec leur capital, des négociants avec leurs réseaux commerciaux, et des artisans avec leur savoir-faire et leurs techniques de production. Pour survivre et se faire accepter, les réfugiés mirent aussitôt à profit leurs compétences particulières. C’est ainsi que Genève, la première, connut un premier essor industriel. Les horloges mécaniques dataient du XIVe siècle. Elles avaient orné jusque-là les clochers des églises, puis les maisons. Deux groupes d’artisans furent à l’origine de la production de montres : les serruriers, qui savaient réparer les horloges, et les orfèvres, qui travaillaient les métaux précieux et ne recevaient plus, dans la ville de Calvin, de commandes pour les églises. Les premiers furent des Français et quelques Flamands et Anglais. En 1601 ils étaient organisés en corporation. Ils allaient former la Fabrique, cette institution de fait au sein de laquelle naquit Jean-Jacques Rousseau (1712).

L’horlogerie apparut dans la Principauté de Neuchâtel dans les dernières décennies du XVIIe siècle. L’installation des horlogers à La Chaux-de-Fonds et au Locle fut lente. Elle ne put d’emblée concurrencer Genève, mais la main d’œuvre était de bonne qualité, bon marché et, de surcroît, pas organisée, ce qui permit aux entrepreneurs de pousser à son plus haut niveau la division rationnelle du travail développée à Genève. Avec une qualité de produit légèrement moins élevée que celle du luxe genevois, mais avec des prix de revient plus bas, l’horlogerie neuchâteloise réussit, au XIXe siècle, à imposer sur le marché international une montre solide et précise, plus populaire, qui finit par éclipser la montre lémanique. La production s’étendit au Jura vaudois, plus tard au Jura bernois, à Soleure, au Jura bâlois. À chaque récession, les inquiétudes firent naître de nouveaux projets, comme, vers 1890, la montre Roskopf, simplifiée et d’un prix abordable ou, dans les années 1980, la Swatch.
Marx et Engels prirent les manufactures horlogères comme modèles de leurs réflexions les plus avancées sur le développement du capitalisme, tandis que Kropotkine et Bakounine trouvèrent, dans l’aspiration à la liberté des travailleurs horlogers du Jura, des sources pour l’invention de l’anarchisme. Par l’importance de la population occupée à produire ou à assembler des pièces de montre, en atelier ou à domicile, par l’efficacité des manufactures, par l’importance économique du secteur horloger, dont la quasi-totalité de la production s’exporte à l’étranger, par l’étonnant niveau de technologie qu’on rencontre dans les bourgades ou dans les villages restés relativement petits et ruraux, la civilisation horlogère des montagnes jurassiennes n’a pas fini d’étonner. Dans le temps présent, soumis à tous les doutes, une relecture de cette histoire s’impose !

Elle devra viser à l’exhaustivité, en relisant dans le détail les conceptions des horlogers du Pays de Neuchâtel, sans négliger d’examiner les outils, les ateliers, l’architecture des lieux de fabrication de nos montres.
Mieux encore, il faudra ouvrir le débat sur le rôle de l’horlogerie dans la société où la montre est devenue un signe de reconnaissance sociale. Un regard particulier permettra de suivre les stratégies de notre horlogerie face à la mode, la voiture, le sport, la recherche scientifique et la culture, sans oublier les vedettes, les stars qui prêtent leurs noms aux marques prestigieuses en permettant le développement d’une nouvelle croyance par le grand public sans pour autant omettre les initiés.

Cet ouvrage deviendra ainsi la première référence de l’histoire horlogère neuchâteloise en ce début du XXIe siècle.

Jacques Hainard
Directeur du Musée
d’ethnographie de Genève
laminée
Chiffre de tirage : 2000 ex. dont 1500 ex. français et 500 ex. anglais

Information supplémentaire :

La présentation officielle de ce livre a eu lieu le 8 avril 2008 dans le cadre de la « Journée de la délégation Neuchâteloise à BASELWORD ».

Une cérémonie a été organisée en septembre dans le canton de Neuchâtel.

HORLOGERIE Même quand la publicité s’appelait encore réclame, la femme jouait déjà un rôle importantpour vendre le produit. (SP) Le 10 avril 2008

Le Pays de Neuchâtel raconté par son histoire horlogère
«Le Pays de Neuchâtel et son patrimoine horloger». Cet ouvrage historique et iconographique de 450 pages est appelé à faire rayonner l’horlogerie neuchâteloise hors de ses frontières. En bousculant quelque peu les idées reçues. Parution prévue en septembre.
Etrange nom que celui du passage des Lundis-Bleus à La Chaux-de-Fonds. «Payés à la semaine ou à la quinzaine, les ouvriers de l’horlogerie avaient parfois l’habitude de boire jusqu’au dernier sou de leur salaire. D’où ces lundis qu’ils s’accordaient pour récupérer, envoyant valser les patrons qui venaient les chercher pour les amener à l’atelier.»
L’horlogerie, racontée par Bernard Muller, a une saveur particulière, vivante et pleine d’esprit. Avec sa compagne Marlyse Schmid, le Vaudruzien publiera en septembre «Le Pays de Neuchâtel et son patrimoine horloger» à la Chatière, leur maison d’édition. Rédigé par neuf universitaires, l’ouvrage a été placé sous la direction scientifique de Laurent Tissot, directeur de l’Institut d’histoire de l’Université de Neuchâtel. Le Musée international d’horlogerie de La Chaux-de-Fonds et le Musée d’horlogerie du Locle ont apporté leur précieux concours. «Mais ce ne sera pas un catalogue de montres», prévient Bernard Muller, également connu comme étant l’un des pères de la Swatch. L’histoire horlogère ne se résume pas au produit. Bien au contraire. Economie, société, urbanisme et culture, la branche a imprégné tous les pans de la vie neuchâteloise. Du Bas en Haut, en passant par le Val-de-Travers et le Val-de-Ruz, «tout ce pays a une saga de plus de 350 ans dans l’horlogerie».
Une saga avec ses périodes d’euphorie, ses récessions, ses contestations ouvrières. En témoigne l’anecdote des Lundis-Bleus. Aussi amusante soit-elle, elle est surtout révélatrice d’un état d’esprit et d’un temps révolus. Une époque où l’employé des Montagnes, gagné par l’anarchisme ambiant, tenait tête à l’employeur, où la ponctualité n’était pas encore une vertu cardinale.
«On veut aussi y mettre de l’humour», remarque Bernard Muller, qui annonce une préface iconoclaste de l’ethnologue Jacques Hainard. Mais l’ouvrage est avant tout appelé à devenir une référence bibliographique en la matière. Il affirme clairement son intention de vouloir faire rayonner l’horlogerie neuchâteloise hors des frontières cantonales. Aussi sera-t-il également traduit en anglais.
L’idée a été lancée il y a deux ans par le Département de l’éducation, de la culture et des sports, le conservateur des Monuments et sites neuchâtelois Jacques Bujard et l’historien Laurent Tissot. Les éditions de la Chatière assurent la réalisation, la mise en page, ainsi que l’ensemble du volet iconographique. Les coûts de l’ouvrage sont en partie couverts par l’Etat de Neuchâtel, les Villes du Locle et de La Chaux-de-Fonds, la Loterie romande, la fondation Elysium et plusieurs entreprises horlogères.
Malgré son importance, le livre se veut un éclairage, non un recensement exhaustif de toutes les marques. Une démarche aisément justifiée par Bernard Muller. «Restons humbles, si je voulais mettre le nom de tous les horlogers qui ont œuvré dans ce canton, je n’aurais pas assez de place avec 450 pages.» / DJY

DAVID JOLY


Economie Le 6 novembre 2007

Les musées ont largement ouvert leurs portes. (sp)

Il sera lancé à la journée neuchâteloise du prochain salon Baselworld, en avril 2008: un ouvrage de référence consacré au patrimoine horloger neuchâtelois est en préparation. Placé sous la responsabilité scientifique de l’historien Laurent Tissot, et réunissant une dizaine d’auteurs, il sera publié à la Chatière, à Chézard-Saint-Martin, maison d’édition des Vaudruziens Bernard Muller et Marlyse Schmid.

«Nous voulons faire rayonner l’horlogerie neuchâteloise aussi bien auprès du grand public que des spécialistes, mais sans additionner des modèles de montres ou des marques», indique Bernard Muller, qui est appuyé dans l’opération par Nicole Bosshard, directrice adjointe du musée international d’horlogerie de La Chaux-de-Fonds, et Jacques Bujard, conservateur des Monuments et Sites neuchâtelois. «On parlera de bâtiments, de lieux-dits, on donnera la parole aux acteurs du domaine de la montre», ajoute celui qui connaît bien la branche, étant l’un des pères de la Swatch…

«Les musées, publics et privés, nous ont largement ouvert leurs portes, nous avons reçu partout un accueil très favorable à ce projet», se réjouit encore Bernard Muller. L’Etat de Neuchâtel a lui aussi apporté son soutien. Car «l’horlogerie n’a jamais aujourd’hui autant conçu son avenir qu’en faisant appel à son histoire», souligne Laurent Tissot. Ne reste plus qu’à cueillir le bébé au printemps… /frk