Odyssée aux confins de l’indiennage de la cuisine des couleurs au négoce

Texte de : Maurice Evard
Préface de : Jean Berthoud
Réalisation de : Marlyse Schmid
Nombre de pages : 220
Dimensions : 245 x 305
Image de : Bernard Muller
Date : 2013

CHF 130.00

Voici trois siècles, tout commence par un fait divers.
Un homme revient de Genève en 1713, après avoir fait un apprentissage d’indienneur. Avec l’appui de sa famille, Jean Labran s’installe au bord du Seyon, au fond du Val-de-Ruz, soutenu financièrement par Jacques Deluze, un émigré de Saintonge domicilié à Neuchâtel. Tous deux vont rechercher un endroit plus propice dans le pays pour développer ce procédé d’impression sur tissu. Le « triangle d’or » de la Basse-Areuse fera l’affaire. S’appuyant sur des techniques artisanales qui deviendront industrielles, l’indiennage fera la richesse de Neuchâtel grâce à un savoir-faire en constante évolution et un réseau d’achat et de ventes étendu.
Au XVIIIe siècle, avant l’horlogerie s’ouvrent des manufactures regroupant plusieurs centaines de personnes sur un même site. C’est cette aventure faite d’aspects techniques, commerciaux, sociaux, architecturaux, géographiques et familiaux qui vous est contée dans « Odyssée aux confins de l’indiennage », écrit par Maurice Evard.

Vous passerez les sites de production, rencontrerez les principaux protagonistes, suivrez les chemins conduisant aux foires, partagerez la vie des ouvriers et découvrirez la fragilité de certaines entreprises lorsque la politique européenne conduit au protectionnisme.
Aujourd’hui un livre n’a d’intérêt que s’il propose une riche iconographie, c’est en quelque sorte une lecture parallèle au texte. En 220 pages, l’ouvrage vous offre plus de 450 images, photographiées par Bernard Muller.
Michel Garcia a fait des démonstrations selon la connaissance passée mais revisitée afin d’éviter les produits toxiques. Marlyse Schmid a assuré la mise en page avec le goût qu’on lui connaît.
Portant ce sujet depuis des dizaines d’années, Maurice Evard a choisi d’évoquer cette page d’histoire dont les témoins matériels disparaissent les uns après les autres et, chacun le sait, l’écrit ou la parole ne remplace jamais le support de l’objet-témoin.
Aussi « Odyssée aux confins de l’indiennage » restera sans doute un jalon de l’histoire industrielle du canton grâce à une lecture aisée et un riche support iconographique. Un document à mettre sur un rayon de votre bibliothèque !

 

Cette célèbre toile de 1842 aux motifs floraux est d’une qualité technique rarement atteinte dans les autres impressions. Elle montre le savoir-faire des indienneurs neuchâtelois d’autant que le destinataire est le souverain de Prusse.

Il faut être très reconnaissant à Maurice Evard et à Bernard Muller de poursuivre la publication des plus récentes recherches sur l’industrie des toiles peintes, les « indiennes » en pays neuchâtelois. En effet cette toute première « industrie » au sens quasi moderne du terme est une véritable rareté dans le
paysage économique et social européen de la seconde moitié du XVIIIe siècle.

Ainsi que le relevait le professeur Jean-François Bergier dans son « Histoire économique de la Suisse », la région de Neuchâtel a accueilli à cette époque les premières concentrations de capitaux et de travail sous forme de véritables usines, préfigurant la révolution industrielle du siècle suivant.
Le savoir-faire et les capitaux nécessaires à ce développement provenaient d’« immigrés », il est bon de s’en rappeler. Le succès fut fulgurant (ainsi qu’en attestent les demeures des propriétaires de ces sociétés, par exemple celles ornant le faubourg de l’Hôpital à Neuchâtel, des Pourtalès, Coulon, Carbonnier).
En effet, tant les Deluze (pour utiliser l’orthographe de l’époque) que les familles citées ci-dessus sont presque tous des réfugiés, fuyant la révocation de l’Edit de Nantes. Ces personnalités sans doute hors du commun avaient dû abandonner leurs racines et leur pays d’origine où les attendait un sort funeste.
Ces véritables pionniers dans tous les sens du terme, ont contribué à enrichir et développer Neuchâtel d’une façon remarquable. Ils ont fait naître un secteur qui prit rapidement une dimension européenne et même planétaire, comme le retrace le livre que vous allez découvrir. Soucieux d’intégration, celle-ci
rendue facile par leur communauté de religion avec la population résidente d’ancienne date, c’est toute la principauté que ces créateurs ont mis au premier plan du développement économique européen.

Les nombreuses sociétés évoquées dans cet ouvrage n’ont pu prospérer qu’en créant un vaste réseau de relations de confiance et de correspondants dans tout le monde développé de l’époque. Ces dernières et ce tissu sont assurément à l’origine de l’essor relativement précoce de nombreuses maisons de banque neuchâteloises, celles-ci ayant succédé, à la fin de l’âge d’or des indiennes, aux maisons de commerce précédemment établies. Mais ceci est une autre histoire…

C’est un honneur pour la banque Bonhôte et son président d’être associés à cette redécouverte d’une époque où les régions de Suisse orientale et de Zurich fournissaient, ainsi que cet ouvrage le montre, la matière première à un premier stade de transformation, l’essentiel de la valeur ajoutée, des emplois et des profits bénéficiant à Neuchâtel et sa région immédiate…

Jean Berthoud

Information supplémentaire :

Ce motif en laiton incrusté représente deux botehs entrelacés. (PP)

Description technique
L’ouvrage, au format 24 x 30 cm comprend 224 pages et plus de 450 illustrations. Impression couleurs sur papier couché demi-mat deux faces blanc FSC, 170 gm², relié avec couture au fil et couverture cartonnée.

Préparation de la chaux avec des coquillages de murex. Placer les coquillages dans un four à 1 000°C pendant 2-3 heures. On les écrase au pilon pour obtenir de la poudre.

Maurice EVARD, avec des photographies de Bernard MULLER, Odyssée aux confins de l’indiennage, de la cuisine des couleurs au négoce, Chézard-Saint-Martin, a‰ditions de la Chatière, 2013, 224 p.
Le dernier ouvrage consacré par Maurice Evard aux indiennes réussit, encore mieux que le précédent (Périple au pays des indiennes, 2002), a combiner une impressionnante érudition avec une
iconographie somptueuse, originale et inventive. Il ne s’agit pas ici d’une nouvelle histoire de l’indiennage neuchâtelois, dont il en existe déja plusieurs. L’objet du livre est de rendre visibles,
presque palpables, les aspects techniques, artistiques et économiques les plus divers de cette histoire. Il consacre ainsi une série de chapitres aux produits utilisés pour la coloration des étoffes,
dans leur état naturel, végétal ou minéral, puis prêts a l’emploi. L’ensemble du processus d’impression des toiles, entre ébauches de dessins et satinage final, est illustré par les différents outils
et machines mis en Å“uvre; l’impression a la planche de bois fait même l’objet d’une intéressante démonstration par un spécialiste actuel, Michel Garcia (pp. 67-80) .

Se prêtant a priori moins a visualisation, les aspects économiques et sociaux de l’industrie des indiennes font pourtant l’objet d’une iconographie également riche, qui porte sur les entrepreneurs,
les bâtiments de fabrique et d’habitation qu’ils ont érigés, l’activité des maisons de commerce et la conjoncture, favorable puis déclinante, avec les faillites et délocalisations qu’elle a entraa®nées;
des témoignages d’époque – parfois inédits – complètent ici la documentation.

Enfin, la vedette du livre est, bien sûr, l’indienne elle-même, dont de nombreuses reproductions parsèment l’ouvrage. Leur intérêt est loin d’être purement décoratif,
car elles s’accompagnent de commentaires d’ordre technique, artistique ou culturel. On apprécie qu’elles ne portent pas seulement sur les plus belles toiles d’ameublement,
dont tel ou tel détail est parfois utilement zoomé, mais aussi sur des indiennes plus ordinaires, qui fournissaient le plus gros de la production des manufactures neuchâteloises.
Dans sa conclusion, l’auteur évoque le poids de son érudition: «un stock de trente kilos de notes accumulées avec le tempsû… Rien de pesant, pourtant, dans les 1,6 kilos du livre auquel elles ont abouti,
qui se lit avec autant d’intérêt qu’il se regarde avec plaisir.